Presto - Avril 2003
Il y a du Serge Gainsbourg chez
BIOLAY, "Chaise A Tokyo" en est la plus belle preuve mais il n'y a
pas que ça qui me permet de l'affirmer. C'est tout un style. Un travail
acharné dans l'élaboration. Cela transpire le made in France sixties
du Gainsbarre. Négatif est l'ensemble de petites choses qui font d'un
espoir une confirmation. Dans un chur qui s'affirme femme, dans un cur
qui susurre quelques mots d'amour-haine sur "Je Ne T'ai Pas aimé",
Chiara Mastroianni vient rappeler deux initiales B.B si cher au vieux soûlaud.
Tout dans l'album sonne comme un concept album mis à l'envers. La voix
s'est affirmée, le style est ancien mais l'électronique peut venir
prendre place dans la ronde musicale car Benjamin BIOLAY est bien quelqu'un
de notre temps
Mais rien ne lui sert de le montrer trop vite. C'est par
petites touches, en impressionniste, qu'il désire dénuder son
tableau final. Un album sonnant country avec de vieilles guitares blues, cordes
de vieilles bandes originales de films du ciné-club, il traque le moindre
détail pour arrondir les angles et en faire des chemins pavés
vers le futur. Toujours sur un fil, il tisse, en grand auteur, une toile géante
où viennent s'emprisonner tous les mots pour en faire des chansons comme
cette "Chère Inconnue" si belle et si fragile à la fois.
Aidé d'un sample sur "Little Darlin'" datant de 1928, BIOLAY
aime se transformer en magicien du son. Plus sombre et angoissé que Rose
Kennedy, Négatif joue avec nos nerfs et nos croyances, avec l'histoire
de la musique française et s'en va mourir dans un coin, prolongé
par quelques soubresauts d'instrumentaux avant l'échappatoire final.
Chanteur adulé, compositeur inégalé, producteur demandé
et mari comblé, voilà la recette magique pour faire un album
parfait