Keren Ann et Benjamin Biolay, un fauteuil pour deux - Optimum n° 57 (Mars 2003)

Depuis qu'on les a vus auprès d'Henri Salvador, Keren Ann et Benjamin Biolay comptent parmis les révélations de ces dernières années. Grâce à Jardin D'hiver sorti en 2000, le tandem a relancé la carrière de l'ancêtre : des millions de disques vendus et un premier Olympia pour l'octogénaire. Ces paroles, " Je voudrais du soleil vert / Des dentelles et des théières ...." fredonnées au fil de bossa pleine de douceur, ont charmé la France entière. Fier de sa trouvaille, Henri Salvador a même comparé ces jeunes gens à Bernard Dimey, grande figure Montmartroise et auteur, entre autres de Syracuse. Ces deux là travaillent ensemble depuis un peu plus de 5 ans, depuis leur rencontre fortuite lors d'un dîner. A cette époque, Keren Ann frappait sans succès aux portes des maisons de disques, tandis que Benjamin Biolay avait sorti quelques singles chez EMI, des enregistrements qu'il renie aujourd'hui. Par contrat, il doit encore un disque à la firme. Qu'à celà ne tienne, il fabrique un morceau pop rock destiné à entrer dans les hits. Keren Ann accepte de chanter, l'occasion pour elle de mettre le pied dans le cicruit. Libres et jeunes ( à ce moment-là elle a 23 ans, il en a 25), ils commencent à écrire des chansons à leur goût, avec cette griffe identifiable : des timbres fluets, des textes poétiques emprunts de mélancolie qui décrivent des climats, des arrangement d'un préciosité qui rappellent certains disques de Gainsbourg. Après Shelby, leur crypto-groupe, ils se penchent sur le premier album de Keren Ann, " La biographie de Luka Philipsen " ( 2000) qui lui vaudra un succès d'estime. Benjamin Biolay va jusqu'à réaliser les arrangements un domaine dans lequel il se révèle. " Keren Ann est un très bonne mélodiste, mais elle n'écrit quasiment pas en français, explique t-il. J'apporte les mots, elle la mélodie. Même si ce n'est pas aussi simple que ça. " De con côté la jeune femme native de Tel Avi, qui a passé son enfance au Pays-Bas, considère : " Il y a des choses que nous n'aurions pas osé faire séparement mais qui ont été possibles ensemble. Par exemple, dans ma manière de chanter ou dans le choix de certaines expressions que je n'aurais jamais palcées dans une chanson. " Imméditatement après la " Biographie", il y eu la rencontre avec Salvador et les sollicitations qui se sont mises à pleuvoir, celle de Françoise Hardy surtout qui s'est reconnue dans ce spleen nostalgique. Depuis peu, Keren Ann et Benjamin Biolay ont cessé de travailler ensemble " par crainte de se répéter ", clament- ils à l'unisson. Après " Rose Kennedy" (2001), Biolay sort ce moi-ci son second album, "Négatif", une version série noire du rêve américain sur lequel on entend le filet de voix de Chiara Mastroianni, récemment epousée. En outre, il écrit les arrangements pour Stephan Eicher et travaille au retour de Juliette Gréco pour qui il crée quelques textes. Confortée par le succès de " La Disparition" son second opus, Keren Ann termine sa tournée, concocte un disque style Marianne Faithfull pour Anna Karina et s'engage dans une carrière international avec un album anglo-saxon. Reste à savoir ce qu'ils deviendront l'un sans l'autre.