Benjamin et Chiara : positif - Le Soir (../04/2003 )
Benjamin Biolay sort son deuxième album : « Négatif ». Du cinéma et de l'amour...
Révélé par
son premier album « Rose Kennedy » et sa collaboration avec Keren
Ann sur le « Chambre avec vue » d'Henri Salvador, Benjamin Biolay
a l'image d'un jeune romantique fan des sixties et de Gainsbourg, de la légende
Kennedy et des violons, de sa sur Coralie (Clément) et d'Hubert
Mounier, dont il a réalisé le premier album solo.
On se souvient aussi des volutes épaisses de sa cigarette pour un premier
spectacle à l'esthétique rappelant les grandes pochettes du label
Blue Note.
Depuis tout ça, Benjamin s'est fait plus discret. Le temps de se marier,
loin des caméras, avec Chiara Mastroianni qui attend déjà
famille. Benjamin a ensuite pris le temps de réaliser son deuxième
opus, intitulé « Négatif ».
Encore un hommage à Gainsbourg ?
Non, je n'y avais pas pensé, nous a-t-il avoué. « Négatif » est la première chanson écrite pour l'album. Elle m'en a donné l'idée. Négatif, ça me fait penser à la photographie, ou aux histoires d'amour qui finissent mal.
Benjamin adore, il est vrai, prendre le contre-pied de certaines évidences, comme de chanter, avec sa Chiara, une chanson d'amour intitulée « Je ne t'ai pas aimé ». Sa façon à lui de chanter ses « Gondoles à Venise » ?
J'aime les textes violents sur des musiques douces. Au départ, Chiara ne voulait pas chanter car sa mère (Ndlr : Catherine Deneuve) l'avait fait avec Gainsbourg. C'était un peu trop téléphoné. Mais quand j'écris une chanson, j'aime bien la tester sur une autre voix. Chiara chantait donc pour moi. C'est venu très naturellement... On a donc gardé quelques churs en plus de ce duo. Lui faire tout un album ? On se le demande. Un album à deux ou elle toute seule que je réaliserais... On ne sait pas encore.
Chiara chantant, on peut imaginer Benjamin passer devant la caméra, lui qui a une gueule d'atmosphère : Je n'ai pas encore reçu de vraies propositions sinon un premier rôle qu'il m'a été impossible d'accepter. Je préférerais commencer par un petit rôle.
Dans l'album « Négatif » qui renoue avec les ambiances mélancoliques, paisibles, portées par les cordes, il y a « La vanité », une chanson qui est loin d'être autobiographique : Non, non, je ne suis pas du tout vaniteux et Chiara non plus. Pour ça, on se ressemble, ce n'est pas notre genre de nous montrer aux soirées où il y a un Motorola à gagner, aux cocktails, tout ça. On préfère rester peinards à la maison. Elle, c'est par réaction et chez moi, c'est naturel : on sort peu. Moi, j'ai la chance d'avoir des parents inconnus. « La vanité » m'est venue en contemplant certains de nos contemporains. Mais il y a pire que le milieu du show-biz ou du cinéma, c'est celui de l'art contemporain.
« Nuits blanches », par contre, parle de ses insomnies, quand la fatigue aidant, il reste droit comme un i dans son lit. « La pénombre des Pays-Bas » aussi, est autobio, même que la chanson a été écrite, comme beaucoup d'autres à Bruxelles où Benjamin a réalisé, à l'ICP, avec Erwin Autrique, tout l'album.
« Chaise à Tokyo
», par contre, est une fiction, un jeu très gainsbourien sur les
mots, sur une mélodie enlevée qui sert de single même si
elle tranche sur le reste du disque, plus calme. S'il sort moins et compte bien
consacrer du temps à son premier enfant,
Benjamin laisse Keren Ann et Coralie Clément voler un peu de leurs propres
ailes mais compte bien redonner un sérieux coup de main à son
ami Hubert Mounier, le chanteur de l'Affaire Louis Trio et ami d'enfance lyonnais
: Le fiasco de son premier album a été abominable. C'est pourtant
le plus talentueux de tous les musiciens que je connais. Sa traversée
du désert a
assez duré.
Benjamin a encore un autre projet : un album réunissant ses pièces instrumentales, comme celle qui clôt « Négatif ». Un disque qui pourrait sortir avant la fin de l'année. Tout cela dépendra de la tournée qui devrait commencer à la rentrée. Aux Nuits Botanique ?...·