Biolay, vendredi à l'Ancienne Belgique - Le Soir (06/10/2003 )

Chiara et Benjamin main dans la main

Certains avaient gardé de Benjamin Biolay sur scène (au Musée du Botanique) l'image d'un sage garçon aux teintes jazzy acoustiques, tout droit sorti d'un film en noir et blanc ou d'une pochette de disque Blue Note ornée d'indispensables volutes de cigarettes. Ceux-là ont vite été détrompés, vendredi à l'Ancienne Belgique.Dès « Nuits blanches », Biolay lâche son groupe très
électrique (dont Nicolas Fizsman à la basse) pour une version rock'n'roll. Ce qui ne veut pas dire que la douceur ne sera pas au rendez-vous, surtout lorsque le rejoint son invitée permanente, comme il la présente : Chiara Mastroianni, son épouse.
Sur « Chaise à Tokyo », celle-ci reprend le rôle dévolu en studio à Coralie Clément et Iva Frühlingova. Chiara, tranquillement assise à sa place, fait plus que d'être une choriste : elle duettise sur la plupart des titres de ce concert transformé en connivence amoureuse, en admiration réciproque.Benjamin, au fil de la soirée, sort de sa coquille, de sa réserve naturelle, se sent de plus
en plus à l'aise, en devient même drôle. Oscillant sans cesse entre tendresse et puissance, demi-teintes et clarté, il ne quitte pas les ombres, ne se départit jamais de cette volupté parsemant toutes ses chansons. En en reprenant une offerte à Valérie Lagrange (sur un très bel album méconnu), l'artiste puise inlassablement dans « Rose Kennedy » et « Négatif ». Le public se manifeste sur « Des lendemains qui chantent » puis sur « Négatif ».Benjamin, visiblement comblé par un accueil aussi chaleureux, multipliera les rappels, avec notamment une très belle version des « Cerfs-volants » et, en solo piano, de « Novembre toute l'année ». Pour terminer par « Billy Bob a toujours raison ».Tout se passe bien pour Benjamin. A l'image de cette salle dont la moitié était en configuration assise, le jeune chanteur réussit sur tous les tableaux : l'intimiste et le défoulant. Un nouveau Biolay, en somme, avant la sortie du dernier Juliette Gréco, auquel il a collaboré, et avec à l'horizon, les albums pour belle-maman (Catherine Deneuve) et pour madame...·

-- Thierry Coljon