Biolay joue à domicile - le Progrès (de Lyon) - oct 2003..

Après un concert dans sa Calade natale, la semaine dernière, Benjamin Biolay sera mercredi à Bron.

C'est toujours un moment un peu différent quand un chanteur joue à domicile. Les amis d'enfance, la famille et les amours lycéennes sont dans la salle, et le spectacle est toujours plus émouvant. C'est peut-être un peu moins vrai pour Benjamin Biolay. Ce n'est pas lui faire offense de dire que le Caladois n'est pas vraiment dans son élément sur scène. Même s'il a fait des progrès depuis sa première tournée, Biolay essaie toujours de se cacher derrière son pied de micro et semble tétanisé à l'idée de dire quelques mots au public C'est finalement peut être mieux comme ça : Benjamin Biolay est l'un des rares artistes de variétés qui ne cède pas le moindre pouce à la facilité de music-hall. La musique ne subit aucune emphase outrancière, les musiciens sont des experts en finesse, et le spectacle se déroule dans une ambiance bleutée et discrète. On est très loin du rentre-dedans de certains spectacles. Chez Biolay, tout est délicat C'est la voix de François Mitterrand (le discours de Cancun) qui sort d'un sampler pour lancer le show. Plus tard, on entendra De Gaulle et Marilyn. Ce sera le seul effet du spectacle. Dès la seconde chanson, Billy Bob a raison, le chanteur présente « Chiara », son « invitée permanente », qui s'exercera au contre-chants sur quelques morceaux (Chaise à Tokyo notamment, très réussie). Biolay est entouré d'un pianiste (Arnaud Dunoyer de Seconzac), d'un claviériste (Reyn Ouwehand) d'un batteur (Denis Benarosh, déjà aperçu aux côtés de Renaud ou Cabrel), d'un bassiste (Nicolas Fizman) et d'un guitariste (Eric Sauviat, qui a joué avec Sardou ou Isabelle Boulay). Un backing band d'une grande finesse, semblant toujours jouer avec retenu. Les cerfs Volants, Nuits Blanches et Novembre tout l'année défilent, et Biolay présente une chanson « écrite par un ami cher à son coeur » avant de lancer Loin, une chanson d'Hubert Mounier, présente sur le Mobilis in Mobile de l'Affaire Louis Trio. Viennent ensuite une version revisitée de Los Angeles, puis la naïve Boîte à musique, qui sonne comme le « After Hours » du Caladois. Une heure et demi de chansons, et Benjamin Biolay termine sa prestation avec Billy Bob a toujours raison, version instrumentale du morceau presque homonyme. Une relecture à la Revolution N°9 qui n'a conservé des paroles originales que son substantiel message : « les gens, c'est tous des cons ». Sauf nous.

-- THIERRY MEISSIREL