Benjamin Biolay a chanté chez lui - Le parisien (28 oct. 2003)
Benjamin Biolay a rodé son concert dans sa ville d'origine avant l'Olympia de ce soir. (LP/FREDERIC DUGIT.)
L'enfant prodige était de retour. Avant sa date parisienne, ce soir, à l'Olympia, Benjamin Biolay avait choisi de commencer sa tournée par Villefranche-sur-Saône. C'est là qu'il a grandi, à quelques kilomètres de Lyon. Dans le hall du centre culturel de la commune, en ce 2 octobre, chacun y allait de son histoire. « Benjamin était à l'école de musique avec ma fille, racontait par exemple Bernard, un spectateur. Cela fait plaisir de le voir chanter ici. Car maintenant, il est tout de même devenu très parisien. » Inévitablement, Villefranche l'attendait de pied ferme. Surtout depuis que Benjamin Biolay est passé, en quelques années, de prometteur rocker local à mascotte nationale de la chanson. Tout le monde sait que, en dehors de ses deux disques de chanteur, le récent trentenaire figure en tant que compositeur ou arrangeur sur des albums d'Isabelle Boulay, Henri Salvador, Julien Clerc et bientôt Juliette Gréco. Alors, à quelques heures des retrouvailles, l'intéressé n'en menait pas large. Il préférait même éluder les questions sur ce retour au bercail. « J'ai chanté dans ce théâtre à l'âge de 8 ans dans un opéra, expliquait-t-il sans s'apesantir. Evidemment, c'est étrange de se retrouver ici. Toute ma famille va venir. En fait, c'est surtout quand j'en parle que cela me fout le trac. » La scène se préparait donc à accueillir un chanteur pétrifié, contraint de séduire un public qui l'a connu avant tout le monde.
Réarrangements subtils
Pourtant, très
rapidement, Benjamin Biolay semblait faire fi des circonstances. Mieux encore,
il se révèlait étonnamment à l'aise,
bougeant à sa guise, sans jamais tomber dans les poses de dandy qu'on
lui a souvent reprochées. Son chant, enfermé dans des tics à
la Gainsbourg sur son dernier disque, gagnait en aisance, entouré de
réarrangements subtiles. De temps à autre, sa femme Chiara Mastroianni
venait rejoindre son mari pour quelques duos plus intimes. L'artiste était
donc définitivement en famille. A la sortie, sa maman s'avouait «
toujours émue comme à chaque concert ». Oncles, tantes,
amis prenaient le temps de discuter avec lui. « On ne pensait pas que
t'allais nous reconnaître », lui lançaient trois copines
avant d'immortaliser l'instant sur pellicule. « Moi je l'ai vu avec
son groupe dans un café de Lyon, il y a dix ans, confiait l'une d'entre
elles, pas peu fière. J'ai même un de ses albums de l'époque.
Cela va devenir une pièce de collection. »