Benjamin Biolay - Négatif- Le Monde (8 mai 2003)
Benjamin Biolay pourrait-il cesser
de murmurer ? Pourrait-il cesser d'étendre ses chansons en longueur,
donnant ainsi la facheuse impression de devoir occuper à tout prix les
70 minutes de durée maximale d'un CD ? Benjamin Biolay écrit de
jolis airs. D'autres s'en sont emparés - Henri Salvador, et bientôt
Valérie Lagrange ou Juliette Gréco - qui les remettent au carré,
les musclent et les façonnent avec simplicité. Lui, Benjamin Biolay,
s'autorise toutes les familiarités dans ses chansons, les expose à
la façon de lits défaits au matin calme. Les élégantes
orchestrations, du jeu de guitare folk (orientation pluis accentuée dans
le second CD de Négatif, quatorze chansons pour le volume I, sept pour
le II) finissent malheureusement par constituer une sorte de bande-son, d'où
ressortent des gimmicks pop un tant soit peu perturbés ("Une chaise
à Tokyo", entre Pascal Dannel, Serge Gainsbourg et Etienne Daho).
En duo avec son épouse, Chiara Mastroianni, le gracieux "Je ne t'ai
pas aimé" subit le même traitement allongé. Toute cette
richesse musicale (des cordes, des ordinateurs, des guitares, du savoir) se
dilue dans la primauté de l'attitude sur le fond.