Benjamin Biolay, là où on ne l'attendait pas - La Libre Belgique (5 oct 2003)

Sur scène, exit les violons et place aux guitare, basse, batterie, synthé et... choeurs.

Plusieurs surprises étaient au rendez-vous du concert de Benjamin Biolay, vendredi soir, à l'Ancienne Belgique. Tout d'abord, une salle en configuration assise, ensuite, une prestation résolument plus électrique et enfin, une invitée («permanente», selon les dires de l'intéressé): madame Biolay herself, en la personne de Chiara Mastroianni, aux choeurs.

Connaissant le penchant de l'artiste français pour les expérimentations, le public n'a pas été trop étonné de le voir proposer un set résolument énergique. Un public réceptif, sans a priori; peut-être est-ce pour cela qu'à un certain moment BB a lancé: «Ça c'est une ville Bruxelles!».

Il faut dire que l'homme jongle avec les genres musicaux. Après un balnéaire «Rose Kennedy» il y a deux ans, il changeait de direction au printemps de cette année pour offrir un bucolique «Négatif».

Culture américaine

Cet artiste empreint de la culture américaine commence justement son concert par un échantillonnage: l'annonce radio de l'attentat du président Kennedy à Dallas. Il la propose en boucle, lancinante, pour finalement la resserrer sur Dallas, en écho. Avec un tel début, on sent que le gaillard ne va pas lâcher les spectateurs: ambiance blues sur «Billy Bob a raison», guitares enfiévrées et synthés à l'avenant sur un «Los Angeles» totalement revisité. Certes, les choeurs de sa tendre et chère - qui se tourne constamment vers lui, cherchant un quelconque réconfort - adoucissent quelque peu la touche. Ceci dit entre parenthèses, Benjamin Biolay enchaîne même les morceaux avec humour, lui que l'on connaissait tellement plus coincé - ah, les femmes, quel pouvoir!

Son interprétation de «La plage», qu'il qualifie de «création mondiale», le voit donc emprunter les plates-bandes du rock français. Dans lequel baignerait son troisième album? Puis, il y a aussi «Le fleuve Congo», emprunté à Valérie Lagrange, dont il vient de produire le nouvel album.

C'est à la faveur des rappels - où il reprendra majoritairement son premier opus avec «Sous le soleil du mois d'août», «Les cerfs- volants» et, seul au piano à queue, «Novembre toute l'année» - que la prestation se fera plus calme. Enfin, presque. «Billy Bob a (toujours) raison» se clôturant toutes guitares dehors.

-- M.-A.G.