Concert de Biolay: jusqu'au bout de sa nuit blanche - La Dernière Heure (06/10/2003)

Benjamin Biolay - et Chiara, son invitée permanente - a enchanté l´AB

BRUXELLES Les plus calmes avaient choisi une place assise, les plus énervés avaient préféré rester debout, tout près de la scène. Au fond, tout est dit dans cette double approche du concert que Benjamin Biolay a donné vendredi soir à
l´Ancienne Belgique. Car dans sa musique il y a tout ça: une intimité qui invite à se reposer et des riffs de guitare qui démangent les jambes et le cerveau.

En deux albums, le complice de Keren Ann, l´auteur magnifique qui a donné à Henri Salvador l´une de ses plus jolies chansons (Chambre avec vue), a tracé un chemin, créé un univers de mots et de notes qu´il invite pour une visite le temps de chaque concert. Bienvenue dans ses Nuits blanches qui augurent d´un bien joli moment à passer ensemble. Si elle traîne un peu sur les premiers accords, sa voix trouve vite le ton juste pour chanter les avalanches, les Commanches et les Apaches.

Et pour accueillir, du bonheur plein les yeux, son invitée permanente, Chiara Mastroianni, sa compagne et maman d´un petit enfant). Ensemble, ils poseront Une chaise à Tokyo, affirmeront, dans un très joli duo que Billy Bob a raison et mentiront en se disant Je ne t´ai pas aimé. "Merci Bruxelles, lance Benjamin en s´allumant une énième cigarette. On dirait que vous êtes 3.000!
Mais peut-être que vous êtes 3.000..."

Sautant allègrement de son premier à son deuxième opus, il offre encore, pêle-mêle, Les roses et les promesses, Los Angeles, Chère inconnue, La plage ("Une création mondiale", dit-il, l´ironie au coin des lèvres). Et s´il n´a pas toujours l´air d´être le type le plus à l´aise sur une scène, il y a quelque chose d´infiniment touchant et gracieux dans son attitude, dans son phrasé et dans sa manière, par exemple, de présenter tous ceux qui l´entourent. Et puis il y a Chiara, leurs regards et leurs sourires qui se répondent. Un pur moment de bonheur, qu´ils partagent en toute générosité.

-- Isabelle Monnart